Augmenter la capacité du réseau électrique à travers l'Europe avec le Neuron
Tout comme les neurones de notre cerveau et de notre corps transmettent des informations vitales entre les cellules, le Heimdall Neuron collecte et diffuse des données du réseau électrique. Il permet ainsi un avenir plus efficace, plus vert et plus sûr pour les lignes électriques.
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Un réseau plus efficace sans dépenses excessives
Construire de nouvelles lignes électriques peut coûter des dizaines de millions d’euros et prendre des années. Pour évaluer leur capacité, les anciens réseaux s’appuient souvent sur des modélisations, qui intègrent d’importantes marges d’erreur. De plus, il est difficile de localiser précisément les pannes. Identifier et réparer ces problèmes est une tâche longue et gourmande en ressources.
Mais si une meilleure solution existait ? Et si, au lieu de créer des infrastructures coûteuses et chronophages, il était possible de faire entrer des réseaux centenaires dans le XXIe siècle ?
Présentation d'une petite révolution : le Heimdall Neuron
Découvrez le Heimdall Neuron (HN).
Développé et lancé en Norvège en 2019, le HN est aujourd’hui utilisé par plus de 30 entreprises de services publics dans 14 pays.
Cette sphère de la taille d’un ballon de football utilise une combinaison de capteurs, de sondes, de logiciels cloud et d’IA pour détecter et résoudre les problèmes sur les lignes électriques avant qu’ils ne deviennent critiques.
Contrairement aux anciennes méthodes, il mesure la capacité réelle de transmission des lignes électriques plutôt que de se baser sur des estimations. Résultat ? Une augmentation de capacité pouvant atteindre 30 %, sans nécessiter d’interruptions majeures ni de modifications de l’infrastructure existante. Le réseau est ainsi entièrement numérisé.
Et il a déjà prouvé son efficacité : que ce soit dans les tempêtes côtières de Norvège, sous le soleil estival des campagnes françaises ou par les nuits glaciales de l’hiver finlandais, il continue de fonctionner avec précision.
Un concentré de technologies pour un réseau plus intelligent
« Nous en sommes maintenant à la version 4 », explique Camilla Kjølstad, l’une des quatre ingénieurs en mécanique du projet.
« Pour arriver là où nous sommes aujourd’hui, il a fallu beaucoup de travail, de créativité et de persévérance. Le prototypage rapide a été essentiel, notamment grâce à la conception 3D et l’impression 3D. Il s’agit d’améliorer constamment le produit pour trouver les meilleures solutions. »
Une véritable mine de données
Décrit par Camilla comme « un Pac-Man du réseau électrique », ce dispositif léger et étanche se fixe sur les lignes électriques et y collecte des données en continu. Il peut être installé à l’aide d’une perche isolée manuelle ou par drone. Une fois en place, il est alimenté par le courant électromagnétique du réseau et envoie ses informations vers des bases de données personnalisées.
Le HN mesure les Dynamic Line Ratings (DLR), ce qui permet de réduire la congestion et d’optimiser la charge électrique. Il enregistre également les Ambient Adjusted Ratings (AAR) pour mesurer avec précision la température ambiante, augmentant encore la capacité du réseau et réduisant la dépendance aux modèles météorologiques.
Grâce à ses capteurs de température, le Neuron détecte les risques de surchauffe des lignes. Mais il est aussi conçu pour les climats froids : équipé d’un gyroscope, il mesure la tension des câbles. Un affaissement trop important, souvent causé par des dépôts de glace, peut entraîner un risque de collision avec des arbres ou d’autres obstacles.
Ces collisions ne sont pas seulement une menace pour le réseau : elles peuvent déclencher des incendies. Le Neuron est paré à cette éventualité. Il possède des capteurs de CO₂ qui détectent des niveaux anormaux pouvant signaler un feu. Il est aussi équipé d’un microphone capable d’identifier les décharges coronales — des décharges électriques de faible intensité provoquées par l’ionisation de l’air autour d’un conducteur, souvent accompagnées d’un crépitement caractéristique.
Une solution adaptable à l’échelle mondiale
Fabriqué en aluminium, en acier et en matériaux synthétiques, le HN a été conçu pour résister aux conditions les plus extrêmes. « Concevoir les pièces pour qu’elles fonctionnent parfaitement était crucial », explique Camilla. « Par exemple, nous avons dû le rendre totalement étanche pour empêcher l’eau de pénétrer dans les composants électriques. »
Le HN doit également supporter des températures extrêmes, des journées caniculaires aux nuits polaires glaciales.
Mais la résistance n’était pas le seul défi. L’équipe de conception devait aussi tenir compte du processus de fabrication.
« Il ne s’agissait pas seulement de créer un dispositif performant. Sa production devait être à la fois simple, économique et efficace, tout en maintenant un haut niveau de fonctionnalité. C’est un véritable exercice d’équilibre. »
Et cet équilibre semble parfaitement atteint. Alors que le monde est confronté à une crise énergétique sans précédent et que la durabilité est plus essentielle que jamais, ces orbes intelligents capables de moderniser les réseaux électriques du monde entier risquent bien de jouer un rôle clé dans les années à venir.